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Anonyme  

Karlheinz Stockhausen #1
A l'occasion de la mort de Stockhausen voici un petit article sur le compositeur allemand.




Qu'entend-on par « musique à  grande diffusion » à Très simplement des produits culturels destinés par leurs natures à  viser un vaste public. Cela ne signifie pas nécessairement « sous-culture ». Karlheinz Stockhausen, personnalité énigmatique et charismatique, en a inspiré plus d'un, le plus souvent de manière sincère.

Tout d'abord, Stockhausen et les Beatles. Oui, les « quatre garçons dans le vent » savaient très bien qui était le compositeur de Kà¼rten-Kettenberg. Certes, l'influence de Gruppen ne transparaît pas dans Sergent Pepper, mais parmi les innombrables visages qui forment la couverture de l'album légendaire figure celui de notre compositeur. Paul McCartney a longtemps proclamé avoir été le premier Beatles à  découvrir la musique de Stockhausen, à  travers Gesang der Jà¼nglinge.

L'écoute de Revolution 9 sur le White album laisse perplexe : plusieurs passages sont similaires à  Hymnen. Mais aucun document n'atteste de rencontres entre John Lennon et Stockhausen. Une anecdote court sur un rendez-vous manqué entre le compositeur et le manager du groupe en vue d'un concert commun qui n'eut pas lieu, forcément. A la sortie du White album, en 1969, Hymnen n'était pas édité en disque. Lennon n'en a pu prendre connaissance que par des exécutions en concert ou un enregistrement privé. Les deux musiciens ont été en contact téléphoniques réguliers toutefois, et Stockhausen devait déclarer lors de l'assassinat de Lennon : « John Lennon était le principal médiateur entre musiques populaire et savante de ce siècle ».

N'oublions pas que John Lennon était un des premiers admirateurs de Frank Zappa, qui s'est lui-même beaucoup inspiré de Stockhausen.

Frank Zappa, dès Mother of Inventions, va puiser des idées chez Karlheinz Stockhausen, du moins de ses œuvres électroniques, dont les inévitables Gesang der Jà¼nglinge et Hymnen. Comme Stockhausen, Zappa était ouvertement provocateur, très critique envers son époque, fortement charismatique jusqu'à  développer un certain culte de la personnalité. L'influence est particulièrement sensible dans les albums Freak Out ! et Absolutely free, premiers opus des Mothers of Invention, dans lesquels se mêlent instruments acoustiques, instruments amplifiés et travail sur le son en studio.

La pop anglaise s'est délectée de Stockhausen. Certes McCartney et Lennon, mais aussi les Pink Floyd, dont Speak to me et Eclipse, qui ouvrent et ferment l'album Dark side of the Moon, sont un travail électoacoustique de son pré-enregistrés (la fameuse machine à  sous de Money) ou créés (battements de cœur) mêlés aux prises de sons de l'album (dont les cris de Clare Tory dans The great Gig in the Sky). Le principe de la déviation du matériau sonore, présente chez Stockhausen dès les Etudes faites à  Paris au début des années 50 sont une marque des Pink Floyd, puisque reprise dans l'album Wish you where there jusqu'au dernier The Division bell. Roger Waters, séparé du groupe en 1985, reprend le principe dans Radio K. A. O. S.

Bjà¶rk Gudmundsdottir, plus connue simplement par son prénom, dit avoir eu un choc quand elle découvrit la musique de Stockhausen à  l'age de 12 ans : « enfin quelqu'un qui parle mon langage ». Quelques années plus tard, à  l'occasion d'un entretien que la chanteuse a mené avec le compositeur dans la revue « Dazed & Confused » en 1996, celle-ci en introduction n'hésite pas à  le qualifier de « meilleur compositeur de musique électronique et de musique atonale », n'hésitant pas à  le comparer à  Picasso é“ pourtant ce n'est pas vraiment la même génération, ni la même penséeé¦



Que ce soit dans Homogenic, Vespertine, Medàºlla ou la BOF de Dancer in the dark, l'empreinte de Stockhausen est partout chez Bjà¶rk.

Si les Pink Floyd, David Bowie ou Bjà¶rk se sont réclamés de Stockhausen, c'est dans son pays natal, l'Allemagne é“ et même l'ex-RFA pour être précis é“ que l'empreinte de Stockhausen dans la musique « populaire » a été la plus importante. A la fin des années 60 s'est développé le krautrock (littéralement : rock choucroute, nom donné par la presse anglophone, kraut étant l'équivalent anglais de « boche ». Les allemands préfèrent Kosmische musik, musique cosmique), mouvement social et culturel plus que musical qui a donné à  l'Allemagne ses grands concerts rock dans la lignée de Woodstock ou Monterey avec l'Essener Sontag Festival, dont la première édition accueilli Frank Zappa. Parmi les musiciens présents dans le public, un ancien élève de Stockhausen, Holger Czukay, qui réunit auprès de lui un de ses propres élèves Michael Karoli et Irmin Schmidt (autre disciple de KH). Le trio forma le groupe Can, curieux cocktail de musique contemporaine, de pop et de rock progressif. C'est un euphémisme que de dire que l'influence du Maître fut considérable. Dans le sillage de ce renouveau de la scène allemande apparurent Faust, Kraftwerk, etc.



Cette nouvelle génération permit de remettre au go»t du jour une partition de Stockhausen que l'Allemagne entière avait hué, et le reste du monde célébré : Hymnen. L'œuvre a été créée en 1966, soit à  peine plus de vingt ans après l'Armistice. Les souvenirs sont encore vivaces et l'Allemagne fort complexée de son récent passéé¦ Hymnen, qui est un mélange de divers hymnes nationaux, reprend Deustchland à¼ber alles, chant patriotique officiel du IIIe Reich. Même si celui-ci est transformé, passé par tous les filtres possibles et toutes les tortures électroniques imaginables, le scandale ne tarda pas : d'un coté Stockhausen était accusé de vouloir flatter les allemands dans ce qu'ils ont de plus bas, d'autres le montraient du doigt d'avoir voulu ridiculiser l'Allemagne aux yeux de l'Europe. Mais pour la jeune génération, Stockhausen était un Messie autant qu'un sauveur : il avait osé se moquer des signes qui avaient meurtri sa propre génération, il incarnait la libération des consciences face à  ces symboles. De plus, Stockhausen n'a jamais ignoré tout le courant pop/rock de son époque, au contraireé¦
Anonyme  

Re: Karlheinz Stockhausen #2
Karlheinz Stockhausen (né le 22 août 1928 à  Mà¶drath, Allemagne et mort le 5 décembre 2007 à  Kà¼rten, Allemagne), est un compositeur allemand. Son travail se construit autour de la musique électroacoustique, de la spatialisation du son et, ces dernières années, de longs cycles de création qui aboutissent à  des œuvres monumentales.





Biographie

Jeunesse
Stockhausen est né au Burg (chateau) du village de Mà¶drath, qui servait alors de maternité (le village, situé près de Kerpen, non loin de Cologne, fut détruit en 1956 par l'exploitation d'un filon de lignite dans la région, mais le château lui existe toujours). Son père, Simon Stockhausen, est professeur d'école et sa mère est la fille d'une famille prospère de fermiers de Neurath dans la région de Cologne. Elle joue du piano et chante. Mais après 3 grossesses, elle fait une dépression nerveuse et est interné en décembre 1932, suivi quelques mois plus tard par la mort de son jeune fils, le frère de Karlheinz, Hermann.

Karlheinz Stockhausen grandit à  Altenberg dès l'âge de 7 ans. Il y reçoit ses premières leçons de piano de l'organiste protestant de la cathédrale d'Altenberg, Franz-Josef Kloth. Son père se remarie en 1938 avec Luzia, avec laquelle il a deux filles. Ses relations avec sa belle-mère n'étant pas très bonnes, en janvier 1942, Karlheinz part comme pensionnaire au collège de Xanten, où il continue le piano mais y étudie aussi le violon. En 1941 ou 1942, il apprend que sa mère est morte, soit disant d'une leucémie, (comme tous les décès annoncés dans cet hopital). Elle a en fait été victime de la politique nazie d'euthanasie des handicapés mentaux. (plus tard, Stockhausen mettera en scène la mort de sa mère par injection létale dans l'acte 1 de l'opéra Donnerstag aus Licht) A l'automne 1944, à  16 ans, il est appelé comme brancardier à  Bedburg. En février 1945, il revoit son père pour la dernière fois à  Altenberg. Ce dernier lui dit qu'il ne reviendra pas du front de l'Est où il est tué quelques semaines plus tard.





Les débuts
Il participe à  la création du WDR (Westdeutscher Rundfunk) en 1950 (qu'il dirigera à  partir de 1962).

Parallèlement à  ses études, il fait divers petits boulots (pianiste de jazz dans des bars, ouvrier, etc.).

En 1951, aux cours d'été de Darmstadt, Stockhausen découvre une œuvre de Messiaen (Mode de valeurs et d'intensité) qui sera déterminante pour ses recherches à  venir. Il se marie avec Doris Andreae avec qui il a quatre enfants : Suja (1953), Christel (1956), Markus (1957) qui deviendra trompettiste et compositeur, et Majella, pianiste (1961).


En 1952, il s'installe à  Paris et commence ses recherches sur le son dans une voie similaire à  celles de Pierre Boulez ou Luigi Nono. Ses premières œuvres sont basées sur le sérialisme intégral. Il travaille à  cette époque au Studio de musique concrète de Pierre Schaeffer où il aborde le domaine expérimental (analyse du son...) mais s'en éloignera vite.

En 1953, il compose sa première œuvre de musique électronique : Studie I, donnant ainsi le coup d'envoi à  ce nouveau genre musical, baptisé en Allemagne Elektronische Musik.


L'autorité aléatoire
De 1954 à  1960, Stockhausen compose ses premières œuvres majeures qui le populariseront et lui permettront de les diriger à  travers le monde.

Le principe est celui de la musique aléatoire (voir aussi John Cage).

C'est donc l'époque des Klavierstà¼cke dont la plus fameuse est le Klavierstà¼ck XI, pièce pour piano: sur une seule feuille sont placées 19 cellules musicales de façon irrégulière. L'interprète en choisit une au hasard, par laquelle il commence (il la joue comme il veut). à€ la fin de la cellule sont indiqués un tempo, une nuance et une attaque: le pianiste jouera un second groupe (pris au hasard) en fonction de ces trois indications et ainsi de suite. De cette façon, la pièce sera jouée d'une infinité de manières et tous les sons auront été exploités. Aussi, la qualité de l'interprète n'est plus prépondérante: une forme de hasard devient plus important.

Il compose aussi Gruppen, Carré, Kontakte, ...


La forme momentanée
Il pose le principe de Momentform: "Une forme momentanée qui résulte d'une volonté de composer des états et processus à  l'intérieur desquels chaque moment constitue une entité personnelle, centrée sur elle-même et pouvant se maintenir par elle-même, mais qui se réfère, en tant que particularité, à  son contexte et à  la totalité de l'œuvre." (sic. Stockhausen)

Ce nouveau concept est mis en pratique dans Momente (1962-1964, fini en 1969).

Il a composé depuis une quantité impressionnante d'œuvres comme: Mikrophonie I, Mixtur, Telemusik, Mikrophonie II, Hymnen, Stimmung, Kurzwellen, Mantra, Trans, Ylem, Inori, Tierkreis, Sirius, Licht, Aus den sieben Tagen...


La musique contemporaine et Stockhausen
La musique contemporaine est souvent d'approche difficile voire répulsive : son appréciation vient avec le temps et la maîtrise de codes qui peuvent sembler ridicules ou prétentieux à  certains. Stockhausen est peut-être un des rares compositeurs que l'on peut aimer sans disposer de tous ces codes (connaissance pointue de la musique classique, de la musique sérielle, etc.) : il a composé des œuvres que d'aucuns jugent d'aspect plutôt ludique comme le Helikopter-Quartett, où les musiciens sont enregistrés en hélicoptère. (Voir aussi Luigi Nono)

Stockhausen a composé plus de 300 œuvres (le catalogue officiel recense 362 compositions) qui sont, selon lui, toutes imbriquées et finissent par ne plus former qu'un seul ensemble.
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Re: Karlheinz Stockhausen #3
Genial!!
Hey le Duke vous n avez qu a monter une rubrique " rock n folk " avec Max !!!
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Re: Karlheinz Stockhausen #4
Bon ben on s'est déja de quoi on pourra discuter sur un éventuel co-voiturage....
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Re: Karlheinz Stockhausen #5
Citation :

jbzh a écrit:
Bon ben on s'est déja de quoi on pourra discuter sur un éventuel co-voiturage....


' suffit d'apporter les CD qui vont avec....
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Fanatif grip 90 - Fanatic STB freewave 105
Duotone superhero 4 - 4.7 - 5.3 - 5.9