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Re: CR montante petites dalles

Objet : Re: CR montante petites dalles
par pinguino sur 19-06-2011 18:55:45

Allez voici ma version du drame...

Arrivés aux Ptites Dalles vers 10h, ca a l 'air intéressant, mais rien de transcendant. Petites vagues sur la dite dalle, vent plutôt bien orienté. C'est la première fois que je viens sur ce spot. Seb et moi gréons à  Mach 2. Puis un gros grain nous passe dessus: pluie diluvienne et plus de vent... Le shore break commence à  grossir, il n'y a plus de vent, le ciel est noir... mais on n'est pas là  pour enfiler des perles! On se motive et hop à  l'eau.

Après quelques bords en version sous-marin et un retour au bord à  la nage pour moi, le vent prend des tours et on a droit à  une bonne heure de bonne qualité. Seb change même de toile et prend sa 4.7. Je reste en 5.3. Puis ca se complique, le vent devient très irrégulier et n'arrête pas de tourner, les vagues ont déserté la dalles pour... assiéger le bord! Je passe à  quelques mètres de Seb. Nous ne plannons plus. Je décide de rentrer, mais je ne parviens pas à  caper suffisamment et décide de faire un dernier petit aller-retour vers le large. Mais sans planning, avec le courant et la houle, impossible de remonter. Je n'insiste pas : 1/2 tour et je décide de rentrer malgré tout. Je parviens à  arriver juste avant la première digue (j'avais donc encore un peu de marge) et à  sortir de l'eau sans problème entre 2 séries. Quand je me retourne pour voir où en est Seb, je m'aperçois qu'il a tenté de repartir vers le large pour choper un peu plus de vent et essayer de remonter. Mais cela n'a pas suffit et il a encore plus dérivé.

Le reste de l'histoire a déjà  été raconté par Gerald.

Au niveau du timing ca a donné ça :

environ 12:30 : je crois que c'est l'heure à  laquelle nous avons perdu Seb de vue

13:13 : on appelle le 18 (on a mis 45 minutes pour faire Les ptites Dalles é“ Veulettes avec l'arrêt à  St Martin et la descente sur la plage par l'échelle)

13:35 : appel du CROS et arrivée au même moment des pompiers et du bateau

environ 14:00 : retour de Seb parmi nous


En ce qui me concerne ce n'est pas la première fois que je participe au déclenchement d'une alerte auprès de services de secours pour un pote ou plusieurs potes en difficultés (1 fois près de Leucate, par marin, pour un pote parti au large et qu'on ne voyait plus, son mat avait cassé et il a été récupéré à  plusieurs km sous le vent, 1 fois aux Palles à  Oléron, casse de wish d'un pote derrière la barre pris dans le courant entre Ré et Oléron, 1 fois en montagne en ski de rando). Dans ce type de situation, on met souvent du temps à  réaliser qu'une situation peut très vite se transformer en drame. Or le temps joue toujours contre la victime. Hier, nous avons été, selon moi, assez réactifs. Quand nous l'avons perdu de vue, j'ai dégréé très vite et nous sommes partis à  sa recherche sans traîner. Quand nous sommes arrivés à  Veulettes et que nous ne l'avons pas trouvé, nous n'avons par tergiversé : nous avons immédiatement appelé le 18. Nous savions qu'avec la marée haute, s'il était au pied de la falaise, cela pouvait très vite devenir très problématique.

Pour info, l'eau n'était pas très froide et il faisait assez chaud... mais à  l'ombre de la falaise, sans bouger, avec le stress, et malgré sa combi, Seb n'a pas eu chaud... alors imaginez la même situation l'hiver...

En ce qui concerne l'analyse des causes de l'accident, il n'y a pas eu selon moi de prise de risque démesurée. La navigation sur ce type de spot et dans ces conditions demande surtout beaucoup de rigueur plus que de la technique: rester au vent du spot, éviter d'enchaîner les surfs frontsides quand le vent est variable en force et en direction, n'entreprendre de longs bords vers le large que si l'on est certain de se maintenir au planning, un virement de bort au lieu d'un empannage c'est quelques mètres de gagnés qui peuvent être précieux, idem pour un surf backside... Lorsque que l'on ne s'en sent pas capable, il faut renoncer. Bravo donc à  Gerald, qui avait commencé à  gréer, et bien que m'ayant vu enchaîner quelques galipettes quand le vent est monté, a préféré renoncer. Dans le cas de Seb, comme souvent il s'agit d'un concours de circonstances : le vent monte et Seb change de voile (4.7 au lieu de 5.3), puis le vent tourne (un peu plus de mer) et faiblit, puis arrivée du grain qui force Seb à  accoster au lieu de rester au large en attendant le vent. Le dilemme de Seb : rester au large avec les risques d'orage + d'hypothermie, ou accoster et risquer de se faire rosser par les vagues contre les falaises...

Une dernière chose : on parle souvent du matos de sécurité que nous devrions avoir avec nous en naviguant, on oublie parfois de dire qu'une paire de jumelles dans la voiture peut être très utile. Avec des jumelles, nous aurions peut-être pu voir Seb accoster au pied des falaises (depuis son rocher il voyait le parking), ce qui aurait permis à  la SNSM de le récupérer beaucoup plus vite.

L'escalier de Google Earth est bien celui que nous avons emprunté avec Gerald. Il ne doit pas être simple à  repérer depuis la mer, mais c'est peut-être possible : les falaises à  cet endroit doivent être un peu moins hautes et il y a une sorte de « petite vallée» qui conduit à  l'escalier.

Sinon, covoiturage très sympa avec Seb et Gerald !