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Fortunes de mer

Objet : Fortunes de mer
par VJM sur 10-01-2017 21:10:10

Salut à  tous !

Bien calé dans le canapé de notre location qui donne sur le magnifique spot de Scarborough, je vous envoie un petit message d'Afrique du Sud. Mer azur, du vent soutenu un peu de terre, des vagues massives (en haut de la houle avant que la vague ne se forme, les gars en bas me semblaient petits...), tout ce qu'il faut pour faire une bonne session ! Et d'ailleurs, ce fut une excellente session pendant un peu plus d'une heure avec quelques surfs hyper jouissifs. Mais c'était aussi tout ce qu'il fallait pour une bonne galère... J'ai été sanctionné deux fois.

La première, sur une vague massive très raide, je suis carrément tombé du haut de la vague vers son creux. J'ai nagé comme un forcené pour récupérer mon matériel dix mètres plus loin puis je m'y suis accroché dans le bouillon avant de repartir.

La deuxième fois a été moins clémente. Après que je me sois boité au surf au pic, une autre grosse vague a envoyé mon flotteur à  100 mètres de moi. Puis il fut rapidement hors de ma vue. J'étais très loin du bord, le vent de terre était fort et l'eau plutôt froide. J'ai d'abord nagé dans les séries, me mettant en position de sécurité, c'est à  dire en boule pour ne pas être disloqué par les lessiveuses. J'étais content de ne pas avoir eu à  encaisser plus de trois vagues taille de mat car j'étais dans le rouge pour ce qui était de l'apnée après la troisième. La série m'avait ramené près des rochers dans l'anse mais j'ai vite compris que cela n'était qu'un leurre car le courant de reflux de la pointe et le vent faisaient que je ne gagnais pas un mètre... Un autre gars était en difficulté. Il avait cassé sa voile et son mat. Nous avons commencé à  dériver tous les deux. Après 20 à  30 mns dans l'eau à  nager, je me suis dit que je n'étais pas certain d'atteindre la côte. Alors, j'ai nagé vers le gars qui dérivait avec son flotteur 30 mètres sous mon vent. Quand je l'ai rejoint, je lui ai dit de jeter sa voile et sont mat en morceaux et de viser les rochers sous le vent afin de ne pas avoir à  lutter contre le vent. Là , après qu'on ait jeté ce qu'il restait de sa voile et de son mat, le gars a fait un truc qui m'a stupéfié. Il a glissé son whisbone sous lui et s'est mis à  nager vers la plage contre le vent... 10 à  20 secondes après, nous étions séparés de 50 mètres et je ne pouvais pas le rejoindre. Je me suis dit qu'il allait au devant de la mort... Je n'étais pas tiré d'affaire pour autant.

La côte était encore très loin et j'avais du mal à  trouver une position stable sur le flotteur. Mes cuisses se raidissaient, signe annonciateur de crampes. Il n'était pas question d'abandonner, je ne doutais pas d'y arriver grâce au flotteur mais en même temps, je me disais que mes chances de m'en sortir n'étaient pas optimales. Fort opinément, un planchiste belge est venu de très loin pour m'encourager. Il m'a indiqué une plage de sable (à  darche...) à  viser après les rochers et il est resté longtemps à  coté de moi. Il n'aurait pas pu faire grand chose de plus mais sa présence m'a donné du cœur et j'ai surmonté les débuts de crampes aux jambes. Il m'a laissé quand je suis arrivé dans la zone des déferlantes où il eut été dangereux qu'il resta. Bien conscient que si je lâchais le flotteur, j'étais mort, je m'y suis agrippé comme un forcené pendant que j'étais plus que chahuté dans les grosses mousses. Malgré ça, j'ai lâché ma bouée à  50 mètres du bord alors que je n'avais pas pied et que mes jambes étaient bien raides. Mais bon, il n'était pas question d'abandonner l'affaire et j'ai crawlé avant de me laisser porter comme une vielle branche par les mousses. Même si j'étais tiré d'affaire, j'ai pris avec reconnaissance la main qu'un planchiste venu à  mon secours m'a tendue.

Mais l'ambiance sur la plage n'était pas à  la fête car mon compagnon d'infortune n'avait pas réapparu et sa copine a un cru un moment que c'était lui et non moi qui venait de sortir de l'eau... Je commen'ais à  me dire intérieurement qu'il n'avait quasiment aucune chance de s'en sortir seul et si l'histoire se terminait bien pour moi, elle n'en restait pas moins sombre. Vingt ou dix minutes plus tard, un gars vient me dire qu'on a retrouvé mon matos... Je suis étonné car j'avais fait une croix dessus. Encore plus étonnant, 5 mns plus tard, je vois mon compagnon d'infortune sur le parking. Le gars avait nagé pendant un bout de temps puis un kite l'avait tracté mais même comme ça, il n'était pas certain de s'en sortir. Puis ils ont vu mon matos qui dérivait au large... Il n'a plus eu qu'à  le récupérer et à  rentrer sur Mistycliff avec...

Ca aurait pu faire un ou deux morts et finalement, on est tous les deux vivants. Qui plus est, ma planche m'est revenue, indemne. C'est la troisième fois que je la perd très loin du bord et que je la retrouve après (la première, c'était à  Wissant un soir de début d'hiver, la deuxième c'était à  Haakgat il y a deux ans - je l'avais récupérée 1 km plus loin). Je dois avoir une connexion spéciale avec elle... En tous cas, les probabilités que tout ceci se termine bien n'étaient pas énormes...

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