Re: Le tour de l'Europe |
Objet : Re: Le tour de l'Europe par soto sur 01-10-2017 09:11:50 Comment racontez une rencontre comme ça? J'aurais envie de vous dire d'aller regarder Forrest Gump pour comprendre... Tout a donc commencé vendredi matin. Je vois son traker qui s'allume sur son site au départ d'Omaha Beach. Voyant les prévisions et sachant qu'il avait un potentiel hébergement à Barfleur, je me dis qu'il va arriver samedi chez moi. Et puis, vers 14h, sms d'un pote: "on prend le café avec Jono mais il va passer le cap de Barfleur et vient chez toi". Quelques minutes plus tard, premier message de Jono "Je devrais arriver chez toi en fin d'après-midi. Toujours OK?". Là , c'est le branle bas de combat: prévenir ma femme, trouver un moyen pour stocker son matos à l'école de voile malgré une heure surement tardive d'arrivée. 17h: tout est rodé, je viens faire un tour à la plage. Pas de Jono en visu. A 18h, je le vois enfin au loin. Le vent est face à lui et faible (5kts) mais il a l'air de bien avancer quand même. 19h: il touche terre. Il est épuisé mais a la banane, fier de lui (et il peut). J'avais beau avoir vu les photos, voir ce type sortir de l'eau sur sa petite embarcation avec son petit sac à dos et un petit bidon étanche comme seules affaires parait complètement dingue. On commence à causer le temps de sortir le matos. 2 minutes après un journaliste se pointe (prévenue par une copine). Le gars nous dit "j'allais rentrer chez moi mais mon chef m'a dit de venir à Collignon, y a un windsurfeur qui arrive" (ça fait léger pour expliquer à un gars que l'apéro ce sera plus tard). Une heure plus tard, le journaliste ne s'arrête plus et pose plein de questions entrecoupées de "Ouah c'est complètement dingue". Séance photo sur la plage, etc... 20h30: un gars de l'école de voile amène un tracteur pour aller mettre le matos à l'abri. Un grand merci à eux. Retour à la maison. Jono est fatigué mais après quelques crêpes et un coup de cidre, ça va mieux. On parle de windsurf, de son trip, de toutes les rencontres qu'il a pu faire, de son tour de la Grande-Bretagne de 2015, de sa motivation pour ça... Une super soirée vraiment difficile à raconter. Je n'ai jamais réussi à comprendre sa motivation profonde mais on sent qu'il y a quelque chose qu'il ne veut pas dire. Il répète juste "il y a des moments dans la vie où il faut le faire et si on en a l'opportunité alors go!" En fin de soirée, on a commencé à étudier la suite du parcours et le passage du raz Blanchard. Le truc que je voudrais faire depuis très longtemps, lui, ça ne lui pose pas de problème. Il n'a pas étudié le truc précisément mais a toutes les infos à disposition (carte de courant, marée, houle...). Rapidement, on en conclut qu'il est un sacré veinard: samedi est surement le meilleur jour de l'année pour passer: coefficient de marée de 29 (ça n'arrive jamais ça...), vent bien orienté, marée parfaitement calée pour passer avant la renverse... On attaque alors une étude de photos aériennes pour étudier le passage en lui même et les km avant et après (pour voir où il peut accoster en cas de soucis ou pour faire une pause). La fatigue ayant raison de lui, direction dodo pour un réveil au plus tard à 8h. Samedi, il se lève en pleine forme, prêt à en découdre. Et il en fallait de la motivation vues les trombes dl'eau dehors. Un bon gros petit déjeuner plus tard, on fait des sandwichs et direction Collignon avec son paquetage. On se retrouve au bord de l'eau assez vite avec son matos ramené par l'école de voile. Il est à fond, surexcité par l'objectif du jour: le raz Blanchard. Je vois un énorme grain arriver et lui propose d'attendre mais non, c'est l'heure, il part. Quelques mots vite fait et le voilà qui s'éloigne, heureux! J'ai un gros pincement au cœur en le voyant s'éloigner. 20 minutes plus tard, je le perds de vue. J'ai cette étrange impression d'avoir eu une drole de parenthèse dans ma fin de semaine: 12h complètement hors du temps et de ses contraintes, une folle envie de faire mon sac et de le suivre. Mais voilà , comme il dit "Faut pas avoir de femme et de gosses pour faire ça". Alors la vie reprend son cours normal... mais je le suis de près sur son traker avec un mélange d'excitation et de crainte. Lorsque je vois qu'il est passé, c'est le soulagement. En rigolant, on a pris rendez vous en Grèce l'été prochain pour se revoir. Tentant... |